La Politique Monétaire Européenne

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La politique monétaire dépend des membres du directoire de la BCE et des gouverneurs des BC des douze pays adhérant à l’euro.

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Les objectifs de la politique monétaire

– déterminer un bon niveau de croissance de la masse monétaire

– déterminer un bon niveau de croissance du taux de change

– pratiquer une politique sélective de crédit, c’est-à-dire orienter les ressources financières de la nation vers les investissements les plus rentables.

Pour remplir sa mission, la BCE surveille la croissance de la masse monétaire, M3 (agrégat qui mesure schématiquement l’argent rapidement mobilisable pour l’achat de biens).

Rappelons l’objectif final de toute politique économique : le plein emploi !

Le carré magique de Nicolas KALDOR (économiste britannique de l’école de Cambridge, 1908-1986) illustre les objectifs fondamentaux de toute politique économique: croissance, plein emploi, stabilité des prix, équilibre extérieur. Il est dit magique car le fait d’atteindre ces quatre objectifs en même temps relève de la … magie.

Au niveau des intentions, la politique monétaire (hausse ou baisse du taux d’intérêt) est employée :

soit pour freiner l’inflation : une politique monétaire dite “de rigueur” est alors mise en oeuvre : taux d’intérêt ? élevés, restrictions du crédit ? le ralentissement de la demande est censé freiner la hausse des prix ;

soit pour stimuler l’activité : taux d’intérêt ?élevés, le crédit devient plus aisé à obtenir ? la politique monétaire sera alors véritablement efficace à une condition: une forte élasticité de l’investissement aux taux d’intérêt bas et aux facilités de crédit.

Dans la réalité, l’élasticité de l’investissement au taux d’intérêt est relativement réduite. Ainsi, dans une situation de récession grave de l’activité et de chômage massif, les anticipations des entreprises sur leurs débouchés futurs et celles des ménages sur leurs revenus futurs sont en général très pessimistes. Dès lors, une baisse des taux d’intérêt est insuffisante pour convaincre les entreprises d’investir et les ménages de consommer.

Les producteurs n’investissent pas d’abord parce que les capitaux sont chers ou bon marché ; ils investissent parce qu’il existe des marchés à saisir ou à développer : ils investissent quand ils anticipent une hausse durable de la demande effective. Une absence trop prolongée de débouchés et des prévisions trop pessimistes peuvent rendre les investisseurs insensibles à la baisse du coût du crédit.

L’efficacité du taux d’intérêt en tant qu’instrument de le la politique monétaire est donc relativement réduite, comme le soulignait Keynes. Il reste que le fait d’abaisser ou de relever le niveau du taux d’intérêt peut avoir un effet stimulant ou au contraire réducteur lorsque les intentions d’investir existent.

Les instruments de la politique monétaire

Le taux de réserve obligatoire : les banques de second rang doivent déposer à la Banque centrale 5% des dépôts de leurs clients résidents, et 3% des dépôts de leurs clients non résidents. En augmentant ou en diminuant ces parts, la Banque centrale peut agir sur la création monétaire décidée par les banques de second rang.

L’instrument essentiel : le taux d’intérêt

Lexique :

Refinancement
: ensemble des opérations par lesquelles les banques se procurent des fonds à court terme.

Coût du refinancement
: le taux d’intérêt, soit le prix du capital.

Besoin de monnaie fiduciaire : rappelons que seule la BCE détient le pouvoir de « fabriquer »(attention à ne pas utiliser le verbe « créer »…) de la monnaie fiduciaire et comme les banques de second rang en ont besoin pour leurs clients, elles sont obligées de faire appel à la BCE ?

La Banque centrale détermine un taux d’intérêt en fournissant de la monnaie fiduciaire aux banques de second rang en échange de créances qu’elle endosse ; c’est alors qu’elle demande aux Banques de second rang un taux d’intérêt qui va devenir l’un des « taux d’intérêt directeur » du marché des fonds prêtés par les Banques à court terme à leurs clients.

La BCE détermine également un taux d’intérêt en intervenant sur le marché monétaire :

en achetant des titres sur le marché monétaire, elle provoque l’augmentation du taux d’intérêt sur ce marché [la demande de titres augmentant plus vite que leur offre, leur « prix » -c’est-à-dire sur le marché des capitaux : le taux d’intérêt- augmente] et elle élève ainsi le coût du refinancement pour les banques.. La BCE espère ainsi diminuer les demandes de refinancement des banques de second rang et à travers celles-ci, leurs offres de crédit aux agents non financiers.

– A l’inverse, en vendant des titres sur le marché monétaire, elle provoque la diminution du taux d’intérêt [lorsque la BCE intervient sur le marché monétaire par ses ventes de titres, l’offre de titres augmente plus vite que leur demande, leur prix –c’est-à-dire le taux d’intérêt- baisse] elle permet ainsi aux banques d’augmenter leurs demandes de refinancement et à travers celles-ci, leurs offres de crédits aux agents non financiers.

La BCE oriente ainsi le marché : c’est la politique dite “d’open market” grâce à laquelle la BCE fixe le taux directeur du marché monétaire.

La BCE est indépendante du pouvoir politique. La loi précise qu’elle ne doit « ni solliciter ni accepter d’instructions des différents gouvernements ». Il reste que son directoire est composé des gouverneurs des différentes BC de l’Union…

Cependant le président du directoire de la BCE, après avoir écouté les différents avis, adopte une ligne de conduite qui vise avant tout à éviter tout risque inflationniste.

Une politique monétaire liée à la politique budgétaire

Le fait est que la politique économique repose sur deux politiques : la politique monétaire et la politique budgétaire. En effet la politique budgétaire consiste à diminuer ou augmenter les dépenses compte tenu des recettes fiscales(les prélèvements obligatoires); or l’augmentation des dépenses suppose généralement un emprunt du Trésor public(à moins que les recettes fiscales n’augmentent), c’est-à-dire de la création monétaire.

La politique monétaire est donc étroitement liée à la politique budgétaire.

Avec l’euro, les douze ont désormais une politique monétaire unique menée par la BCE, véritable institution fédérale. Mais en l’absence d’un budget européen conséquent(il ne représente qu’1% du PNB de l’U.E…), la régulation de l’économie repose sur les budgets nationaux car ce sont les budgets nationaux qui ont la responsabilité de soutenir ou de ralentir l’activité dans chaque pays. Et le soutien de l’activité a tendance à creuser les déficits publics… Or, selon le traité de Maastricht, les déficits publics ne doivent pas dépasser 3% du PIB national !

Pourquoi un tel souci de contrôler les politiques budgétaires ? Parce qu’un pays qui s’endette est soupçonné d’être peu soucieux de lutter contre l’inflation. Et toute menace d’inflation incite les prêteurs à réclamer des taux d’intérêt plus élevés? ce qui entrave la dynamique productive.

Pourquoi réclament-ils des taux d’intérêt plus élevés ? Pour réduire l’emprunt des agents et restreindre ainsi la progression de la masse monétaire. Rappelez-vous : si la masse monétaire augmente plus vite que la masse des b&s, que font les prix ? A vous de répondre.

L’enjeu est donc de parvenir à coordonner les politiques budgétaires des pays de l’Union pour éviter toute réaction des marchés(sur les taux à LT) ou de la BCE(sur les taux à CT) qui aurait une influence récessive sur l’économie européenne.