Le consensus social et ses enjeux

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Les objectifs de la socialisation : le consensus social, la transmission de la mémoire du groupe, la permanence du groupe social.

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Le consensus social est un accord et consentement du plus grand nombre, de l’opinion publique. La socialisation est la clé du consensus social : elle aboutit à ce que l’ensemble des individus évoluant dans un même milieu social acceptent et se conforment à un ensemble de règles de conduite ; le consensus social rend la vie en société possible.

La transmission de la mémoire du groupe : ensemble de connaissances et de savoir-faire transmis par les générations successives d’individus à l’intérieur d’un groupe social.

La permanence du groupe : fait pour un ensemble d’individus de transmettre de générations en générations l’identité du groupe social.

Pour sauvegarder la permanence du groupe, il est essentiel de pouvoir transmettre la mémoire du groupe. C’est l’objectif de la socialisation : par la famille d’abord, le système éducatif ensuite.

L’évolution des caractères sociaux

L’évolution du système de valeurs

Dans la société pré-industrielle(avant la révolution industrielle), le système de valeurs reposait sur :

– la notion d’honneur (obligation de défendre sa patrie) ;
– un détachement vis à vis de l’argent : il était notamment mal considéré à l’époque de faire « des affaires » et donc du profit, car cela revenait à profiter des autres à leurs dépens.

L’origine de cette mentalité est religieuse et plus précisément catholique. C’est l’influence de Saint Thomas d’Aquin, et de façon plus lointaine d’Aristote, qui a prédominé dans la religion catholique. Saint Thomas d’Aquin envisageait la vie terrestre comme un passage très bref qu’il fallait relativiser vis à vis de la vie éternelle qu’il fallait préparer.

La révolution industrielle débouche sur une nouvelle société et de nouvelles valeurs. Dans la société industrielle, le système de valeurs est fondé sur la réussite matérielle : esprit de travail, d’épargne et d’investissement judicieux. Les plus travailleurs sont les plus valorisés. Avoir de l’argent est valorisant car c’est une preuve de travail, de réussite matérielle. D’après Max WEBER, sociologue allemand, 1864-1920, les tenants de ces nouvelles valeurs ne rejettent pas le modèle religieux mais s’inspirent de la Foi protestante. C’est l’influence de Calvin(Institution de la religion chrétienne, 1536) qui va déterminer cette nouvelle orientation.

Selon Calvin, tous les hommes ne sont pas « sauvés », certains sont prédestinés au salut (la « grâce »), les autres à la damnation. Il ne cherche pas à expliquer pourquoi, on ne demande pas de comptes à Dieu.

La théorie de la prédestination justifie la recherche de la réussite sur terre : l’homme ne sachant pas s’il est prédestiné au salut, doit chercher à réussir sa vie terrestre, à développer ses talents tout en respectant le sens de cette réussite par une « écoute de sa conscience individuelle », c’est-à-dire qu’il doit faire profiter ceux qui l’entourent de cette réussite en réinvestissant les gains obtenus dans des activités permettant d’employer d’autres talents (donc en créant des emplois). Calvin puise ses références dans les textes anciens puisqu’il se réfère à la parabole des talents dans l’évangile (évangile selon saint Mathieu, chapitre 25, versets 14 à 32).

L’interprétation de Calvin va profondément influencer tous ceux qui vont le rejoindre, attirés par la volonté de cet homme de revenir aux sources de la Foi chrétienne et par sa critique d’une certaine partie de l’Eglise de cette époque.

D’après Max Weber, cette interprétation va déterminer une conduite qui constitue une des sources de l’enrichissement considérable des pays industrialisés dont nous bénéficions aujourd’hui.

L’évolution du processus de socialisation

Le processus de socialisation dans le cadre d’une société industrielle s’effectue tout au long de la jeunesse des individus et de plus en plus dans le cadre scolaire. La préoccupation scolaire est devenue primordiale dans la mesure où les résultats obtenus déterminent non seulement un niveau « d’espérance sociale » mais aussi et surtout la possibilité d’entrer sur un marché du travail très exigeant en matière de diplômes.

Les familles jouent un rôle important dans cette détermination mais l’aide parentale n’est pas la même d’une famille à l’autre, tout dépend de leur niveau de ressources culturelles et de leur investissement personnel. La situation scolaire d’un jeune dépend alors bien souvent de la « distance culturelle » entre le vécu des parents et le processus de socialisation par l’école suivi par l’individu.