Les piliers du développement social

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Les instances de socialisation regroupent agents et milieux. Les agents dont l’action est directe sont nombreux.

La famille

Elle demeure, en matière de socialisation, l’institution fondamentale bien qu’elle n’exerce plus aujourd’hui qu’un nombre limité de fonctions:

– la socialisation, l’héritage culturel, l’épanouissement personnel sur le plan social ;
– la consommation et la transmission du patrimoine sur le plan économique.

Sa force socialisatrice se révèle par la transmission entre les générations :

– du capital culturel familial : maîtrise du langage, connaissance des usages, d’un métier ;
– du capital social : les relations, la réputation ;
– du capital économique : les biens matériels et financiers.

Le sociologue français contemporain, Pierre Bourdieu, a développé la notion d’habitus pour éclairer l’empreinte familiale que les individus reçoivent lors de leur socialisation.
Habitus : ensemble des goûts, des comportements et des manières de percevoir, de ressentir et de dire, qu’un individu reçoit de sa famille et de son milieu social. C’est en fonction de cet habitus hérité que tout homme agit dans la société.

Les mutations dans les structures de la famille ont des répercussions sur sa fonction socialisatrice :

– La multiplication des familles monoparentales, résultant notamment de l’augmentation des divorces, prive des enfants de la présence permanente de leurs parents, leur père le plus souvent ; or les enfants, notamment les garçons adolescents ont besoin d’un modèle masculin d’identification et d’une figure d’autorité.

– L’extension du travail féminin est un autre facteur important de mutation de la socialisation par la famille : les rôles masculins et féminins évoluent peu à peu. L’éducation des garçons et celle des filles est identique, cependant la répartition des tâches dans la famille connaît encore une grande différenciation suivant le sexe.

Le système éducatif

En accueillant en France plus de 13 millions d’élèves et d’étudiants, en scolarisant 98% des enfants âgés de 3 ans, l’école exerce une puissante action de socialisation, qui, selon les cas, peut être complémentaire ou concurrente de celle de la famille.

Au cours du XXe siècle et surtout pendant la période des Trente Glorieuses, la scolarisation a accompli des progrès énormes en terme de niveau d’instruction des jeunes dans leur ensemble ; cependant, en dépit des efforts des familles et de l’intervention de l’école, de fortes inégalités relatives à la scolarisation demeurent. Ainsi, la possibilité d’accès à l’enseignement supérieur d’un fils de cadre supérieur est 20 fois plus élevée que celle d’un fils d’ouvrier.

Le groupe de pairs

Ce sont les personnes ayant le même statut que l’individu ; pour les jeunes, il s’agit d’autres jeunes de la même classe d’âge.

Ces groupes exercent une influence socialisatrice notamment au niveau des jeux, pratiques sportives, compétitions. Ils adoptent souvent des valeurs et des normes innovantes par rapport à celles en vigueur dans la société et contribuent ainsi à son évolution.

L’entreprise

Dans notre société, l’entreprise constitue non seulement un lieu de travail mais aussi un facteur d’identité professionnelle et d’appartenance sociale. Elle participe ainsi à la socialisation de son personnel à travers, par exemple, l’observance d’un horaire régulier, l’obligation de coopérer dans le travail, etc.

Les responsables politiques

Elus par le peuple, ils jouent un rôle fondamental en ce qui concerne la cohésion sociale. Le système majoritaire permet à l’ensemble du groupe social d’accepter d’être gouvernés par des représentants de la majorité d’entre eux. Le suffrage universel assure la participation de tous au choix des gouvernants.

Les associations

Fondées en 1901 sur le principe d’un « but autre que de partager des bénéfices », les associations regroupaient, en 1999, 20 millions de personnes en France, dont 9 millions de volontaires bénévoles. Les associations occupent un « espace de libre initiative », entre l’Etat et le marché, l’individu et le pouvoir. L’absence de perspectives de profit étant la condition même de l’activité associative, le fait d’y participer suppose un engagement libre, volontaire et autonome. A l’origine de la décision de s’engager dans ce type d’activité, il y a le désir de nouer des relations avec d’autres individus sur la base d’affinités électives (du verbe élire, c’est-à-dire choisir), en fonction d’un idéal, le don de soi (association caritative), ou d’un désir d’épanouissement personnel (club de sport, de loisir).

Les agents dont l’action est indirecte mais effective : les médias

La presse, la radio, Internet et surtout la télévision exercent une influence grandissante sur la vie sociale des sociétés développées. Equipés à 98%, les ménages français allument la télévision 5 heures par jour en moyenne. Dès lors, les héros et les valeurs diffusées par la télévision participent à la socialisation effective.

Les milieux de socialisation

– Le milieu géographique : le processus et le résultat de la socialisation peuvent apparaître différents entre la ville et la campagne par exemple.

– Le milieu ethnique : la socialisation ne s’effectue pas de la même manière suivant les différents milieux ethniques(ethnie : groupement de familles partageant les mêmes valeurs, les mêmes normes, la même culture, les mêmes traditions, la même langue).

– Le milieu social : le processus de socialisation diffère suivant l’origine sociale des individus.

– Le milieu de référence : milieu auquel un individu se réfère(en ce qui concerne sa façon d’être, de parler, de s’habiller, de choisir ses loisirs, ses fréquentations) alors qu’il n’appartient pas forcément à ce milieu à l’origine.

On dit alors que l’individu n’appartient pas objectivement à tel milieu mais subjectivement. Ainsi, un ouvrier appartient objectivement à la catégorie sociale des ouvriers mais, s’il s’inscrit pour diverses raisons, dans une trajectoire d’ascension sociale, il transmettra à ses enfants des références de cadres plutôt que d’ouvrier. Dans cet exemple, le milieu de référence de l’ouvrier est donc celui des cadres.

– Le milieu du travail : c’est essentiellement par notre travail et sa rémunération que nous appartenons à la sphère publique, que nous acquérons une existence et une identité sociale. C’est ainsi que le travail est le facteur de loin le plus important de socialisation de la société industrielle. La perte du travail équivaut le plus souvent à une perte de repères dans l’espace et dans le temps déstabilisante pour l’individu