L’organisation Scientifique du Travail

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Au XVIIIe siècle, Adam Smith, économiste écossais, 1723-1790, a cité l’exemple d’une manufacture d’épingles dans laquelle, à force d’organisation et de spécialisation des ouvriers, la production avait considérablement augmenté.

Sens-de-lorganisation

Le taylorisme

A la fin du XIXe siècle, Frédéric Taylor, ingénieur américain, 1856-1915, élabore l’organisation scientifique du travail , l’OST, entre 1904 et 1907.

L’Organisation Scientifique du Travail, OST, repose sur 3 principes :

– une division verticale : séparation absolue entre la conception du travail effectuée par les “cols blancs” et son exécution par les “cols bleus”, c’est-à-dire les “OS”, Ouvriers non qualifiés Spécialisés dans une seule tâche.
– une division horizontale résultant de la parcellisation des tâches, d’où l’expression de G. Friedman : “le travail en miettes”.
– une rémunération basée sur les pièces produites : le salaire aux pièces, assorti de primes en cas de dépassement des cadences.

Le taylorisme a dû son succès à :

– l’augmentation de productivité qu’il procurait ;

– au fait qu’il permettait de remédier à l’insuffisance de MO (les immigrants d’origine agricole pouvaient ainsi trouver un emploi après une formation très courte) ;

– au fait qu’il offrait aux employeurs un moyen pour contrôler(en la divisant) la classe ouvrière;

– au fait qu’il permettait d’abaisser les coûts salariaux moyens puisque la MO non qualifiée est payée moins cher.

Le fordisme

Au début du XXe siècle, Henry Ford, industriel de l’automobile à Détroit, prolonge l’OST. Le Fordisme repose également sur trois principes :

– sur le plan technique, Henry FORD(1863-1947) invente le travail à la chaîne : les pièces sont transportées sur un tapis roulant, le convoyeur, ce qui évite des pertes de temps ;

– sur le plan économique, le fordisme est à l’origine de la production de masse :

– pour que la chaîne soit efficace, il faut produire des objets identiques, standardisés. Il en résulte des économies d’échelle importantes dues à l’amortissement du matériel sur de longues séries, à l’achat massif et donc à prix réduit, de MP, produits semi-finis, etc. ;
– la standardisation, les économies d’échelle et la hausse de la productivité qui en résultent, permettent de produire en masse des objets de moins en moins coûteux (exemple de l’automobile de Ford) ;

Sur le plan social, le fordisme est à l’origine de la consommation de masse, le prix baissant et le salaire augmentant, une consommation de masse devient possible pour absorber la production de masse. La hausse de la productivité permet également aux industriels d’augmenter leurs profits et d’investir dans des installations de plus en plus vastes et des équipements de plus en plus coûteux et perfectionnés, ce qui est une nouvelle source d’augmentation de la productivité du travail.

Des États-Unis, le taylorisme-fordisme s’est progressivement répandu dans les autres pays industrialisés et notamment en France à partir de 1906 sous l’impulsion d’Henry Le Chatelier, 1850-1936, ingénieur des mines. C’est la guerre de 14-18 qui va offrir la possibilité de pouser à la rationalisation et la standardisation de la production, en particulier dans l’industrie d’armement(usine d’obus de Citroën). Dans les années 1920 le gouvernement crée une « commisssion de standardisation » pour pousser à la fabrication en série et aux gains de productivité dans l’industrie.

Les résultats ambigus du taylorisme et du fordisme

Des années 20 aux années 60, taylorisme et fordisme eurent des résultats généralement considérés comme positifs :

– augmentation de la production ;
– hausse du niveau de vie des ménages ;
– mise en place d’un « cercle vertueux de la croissance » pendant les “Trente Glorieuses” ;
– transformation profonde des modes de vie : allégement des tâches domestiques grâce aux équipements électroménagers, développement de la civilisation de l’automobile, des moyens de communication de masse, radio, télévision, etc.

Cependant, une critique de la nouvelle organisation du travail se développa parallèlement à la généralisation du taylorisme et du fordisme :

– dès les années 1920, des chercheurs en psychologie sociale démontrèrent que l’OST, en démotivant les travailleurs, pouvait être un frein à l’augmentation de la productivité ;
– au cinéma, Charlie CHAPLIN, dans “Les temps modernes”(1935), critiqua l’OST d’un point de vue humaniste, il démontra le processus de déshumanisation que cette organisation provoquait ;
– dans beaucoup d’usines, à partir des années 1960 se développa une “saturation” qui prit des formes diverses : multiplication des grèves, malfaçons, absentéisme, turnover(rotation) de la MO.

Démotivation, déshumanisation, saturation 

Conséquence économique : diminution des gains de productivité. La convergence des critiques et l’ampleur des dysfonctionnements furent telles que les partenaires sociaux(patronat, syndicat) commencèrent à rechercher des formes “post-tayloriennes” d’organisation du travail.