Marché et Capitalisme : les enjeux

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En général, on désigne les économies occidentales sous l’appellation neutre de PDEM, pays développés à économie de marché. Les deux expressions “économie de marché” et “économie capitaliste” sont souvent employées de manière interchangeable dans la mesure où les PDEM sont soumis à un régime capitaliste.

Marché et capitalisme

En fait, capitalisme et marché ont des significations différentes :

– le marché est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande

– le capitalisme est une organisation économique fondée sur une économie de marché(économie dans laquelle les agents offrent et demandent librement sans autre contrainte que le respect de la concurrence) mais … les économies capitalistes ne reposent pas uniquement sur des mécanismes de marché.

Le rôle de l’État, qui s’exerce hors marché, est important : il épaule et corrige le marché pour lui permettre de fonctionner correctement.

– L’Etat, par sa fonction de « régulation »(en faisant respecter les règles de la concurrence) permet au marché d’être contestable, c’est-à-dire que chaque agent doit pouvoir contester la propriété de parts de marché aux agents en place, autrement dit les concurrencer.

Marché contestable : marché dans lequel chaque agent doit pouvoir contester la part de marché détenue par un autre agent.

Ce mélange de liberté et d’intervention de l’État pour permettre le libre exercice de l’initiative individuelle a été intitulé “économie mixte”.

Économie mixte : mélange de liberté et d’intervention.

Le capitalisme est donc actuellement un système d’économie mixte, où le marché est en grande partie régulé de l’extérieur par l’État.

L’économie de marché : un nouvel ordre social

L’économie de marché n’a pu se développer qu’en détruisant les liens sociaux communautaires.

Les sociologues du XIXe siècle (Weber, Marx, Durkheim), ont insisté, chacun à leur manière, sur la dissolution des relations sociales dans la société marchande.

Le sociologue allemand Ferdinand Tönnies (1885-1936), distingue :

– la communauté, marquée par les relations de proximité, de solidarité, régie par des liens affectifs de fidélité et par la tradition

– de la société qui se caractérise par des comportements individualistes et utilitaires propres à l’échange marchand.

Au fur et à mesure que le marché se construisait, les phénomènes économiques sont apparus comme séparés des phénomènes sociaux et ont constitué à eux seuls un « système » auquel l’ordre social est subordonné. La société se donne des mobiles économiques : la recherche du gain, de l’intérêt personnel.

La société de marché s’organise autour de l’activité productive et donc du travail rémunéré, réalisé dans la sphère sociale, qui donne à chacun son statut social, son identité. Le travail et le statut qui lui est associé structurent la société de marché dans la mesure où ils permettent l’intégration sociale, conditionnent la réussite matérielle, définissent un réseau de relations. Inversement, l’absence de travail est un facteur d’exclusion très puissant.

L’économie de marché transforme toutes choses en marchandises susceptibles d’être vendue ou achetées, c’est le phénomène de “marchandisation”. Ainsi, au fur et à mesure que se développait l’économie de marché, il est devenu de plus en plus “naturel” de faire vivre les personnes âgées dans des “maisons de retraite” au lieu de les garder dans la famille.

Bien sûr, ceci est dû le plus souvent à l’exiguité des logements à la suite d’une urbanisation généralisée, il reste cependant le fait que ce “devoir familial” a été “marchandisé”.

La logique de l’économie de marché va dans le sens d’une extension toujours plus grande, y compris dans des sphères de la vie sociale jusqu’à présent à l’abri de la rationalité économique : contrôle du nombre de naissances, transplantation d’organes humains, ou dans un autre domaine : vente d’uranium et fabrication de bombe atomique.

En effet, l’extension du marché touche de plus en plus l’homme lui-même, assimilé à une marchandise. L’efficacité économique se heurte alors à d’autres valeurs participant à l’Ethique, c’est-à-dire l’ensemble des valeurs morales à la base de la conduite humaine. Cette partie sera développée à la fin de ce dossier.