Réalité sociale et Sociologie

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Les représentations de la réalité sociale d’après les grands théoriciens de la sociologie (Représentation : système mental permettant de décrire, comprendre, interpréter un phénomène social).

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Les sociologues ne partagent pas nécessairement la même représentation de la réalité sociale. Là où certains voient une multitude d’acteurs individuels poursuivant chacun leur propre logique, d’autres considèrent que les groupes sociaux, dont les individus font partie, ont une action prépondérante.

Une représentation permet de décoder une réalité sociale complexe en lui appliquant un “schéma de perception” réduit à quelques éléments et relations essentiels. Ainsi, les concepts de catégorie sociale, classe sociale, groupe social, traduisent chacun une forme de représentation sociale, une “vision” du monde.

Pour éviter une représentation “subjective”, la représentation doit être “savante” : classements, modèles et théories élaborés par les chercheurs qui aspirent à l’étude scientifique (et donc rationnelle) des faits sociaux.

Les représentations savantes peuvent être de deux sortes, objectives ou subjectives :

Objectivisme : démarche intellectuelle consistant à rechercher les “lois objectives” qui gouvernent la réalité sociale, c’est-à-dire celles qui, derrière le désordre apparent de la vie en société, révèlent un ordre sous-jacent.

Ce courant de pensée est notamment représenté par deux grands fondateurs de la sociologie, Auguste COMTE et Emile DURKHEIM.

Auguste COMTE, philosophe français(1798-1857), affirmait la nécessité d’appliquer à l’étude du social l’esprit positif propre à la pensée scientifique : “la sociologie doit prendre pour modèle les sciences de la nature qui s’en tiennent à l’observation des faits et au raisonnement logique pour établir des lois”.

La démarche sociologique adopte donc un point de vue “positif” : elle se propose de décrire et d’expliquer le monde social tel qu’il est, d’après une observation des faits réels, en bref d’après un regard “positiviste”.

Emile DURKHEIM, sociologue français, 1858-1917, héritier du positivisme d’Auguste COMTE, pose les bases d’une méthode qui lui permet d’appliquer au groupe social une analyse semblable à un “diagnostic médical” : il conçoit le fait social comme une “chose” existant en dehors de la conscience individuelle et imposant une contrainte à l’individu.

Il pose comme principe que la conscience morale est l’intériorisation par l’individu des contraintes morales institutionnalisées (tu ne tueras pas sinon tu iras en prison). Ces contraintes déterminent chez l’individu un certain type d’actions. L’appartenance sociale influe donc fortement sur la conduite de l’individu.

Pour DURKHEIM, la socialisation est donc une contrainte qu’exerce la société sur les individus pour les obliger à respecter une cohésion sociale nécessaire à sa reproduction et seul un contrôle social rigoureux permet de réaliser cette socialisation qui passe par une inculcation morale et ne peut se faire qu’à condition qu’il y ait des sanctions.

DURKHEIM reconnaît que chaque individu est singulier mais affirme que les individus placés dans la même situation tendent à adopter des conduites analogues : c’est le déterminisme social. Les contraintes extérieures imposées par l’existence en groupe déterminent donc les actions humaines. L’appareil d’enregistrement de ces faits sociaux est appelé statistiques. D’après le sociologue, l’observation de régularités statistiques est le moyen privilégié de repérer l’action de ces facteurs structurels.

Subjectivisme : selon KANT, philosophe allemand, 1724-1804, la réalité en soi est inaccessible à l’homme. Le réel ne peut être observé qu’à travers un ensemble de représentations, de structures mentales, variables d’un individu à l’autre, d’un groupe à l’autre. Il n’y a pas une observation objective de la réalité mais seulement des visions différentes de ce qui nous paraît être la réalité.

Ce courant a pris naissance en sociologie avec Max WEBER , sociologue allemand, 1864-1920, qui proposa d’étudier la vie sociale à partir du sens que les individus donnent à leur action.

Selon Max WEBER, la sociologie est une science de la compréhension : les phénomènes sociaux résultent de la composition d’actions individuelles.

WEBER reconnaît l’intérêt des statistiques mais il les juge insuffisantes si elles s’en tiennent aux manifestations extérieures des actions humaines. Il veut comprendre de l’intérieur comment les hommes réagissent aux structures sociales qui les entourent. Il recherche les motivations de l’individu qui expliquent sa réaction ou sa participation à telle structure sociale.

WEBER rejoint, par son approche subjective, l’ethnologie : science qui a pour objet la connaissance des caractères de chaque ethnie ; ethnie : groupement de familles qui repose sur une structure familiale économique et culturelle identique.